Monday, August 26, 2019

La traduction de la Bible (cont.)

L'histoire merveilleuse de 

La TRANSMISSION de la BIBLE
De sa rédaction à nos jours

Chapter 6
La traduction de la Bible (cont.)




La version allemande de Luther

En 1521, un moine est interné au château de la Wartburg, en Allemagne, où il occupe deux petites pièces, équipées d'un lit, d'une table et d'une chaise. Il s'agit de Martin Luther qui bénéficie en fait d'une "détention protectrice".Car, après avoir affiché à Wittenberg ses "95 thèses", il avait été mis au ban de l'Empire.
Luther va profiter de cette retraite forcée pour traduire le Nouveau Testament en allemand. Commencé en décembre 1521, ce travail est terminé en mars 1522, dans le temps record de quatre mois. Le Nouveau Testament en allemand paraît en septembre 1522, en trois mille exemplaires qui seront écoulés très rapidement. Une deuxième édition suivra dès le mois de décembre 1522.
Luther entreprend ensuite la traduction de l'Ancien Testament à partir du texte hébreu, pour laquelle il s'entoure de collaborateurs qualifiés, Mélanchton et Aurogallus. La Bible complète traduite en allemand par Luther ne sort de presse qu'en 1534. En quarante ans, cent mille exemplaires seront imprimés, tirage extraordinaire pour cette époque. De nos jours, le texte biblique "d'après la version de Luther" est encore édité.
On peut mesurer l'impact de cet ouvrage à l'extraordinaire demande qui en est faite, qui met en évidence la profondeur de la soif spirituelle à laquelle il répondait. On doit aussi souligner son importance historique considérable sur la langue allemande. En effet, à l'époque de Luther, il n'existait pas comme aujourd'hui une seule langue allemande, mais une multitude de dialectes germaniques locaux. Les habitants des différentes régions ne se comprenaient pas toujours entre eux. Cette situation n'est pas encore complètement résorbée, mais il existe aujourd'hui une langue allemande unifiée qui a vu le jour avec la traduction de Martin Luther. Pour faire lire et comprendre la Parole de Dieu par tous les peuples s'exprimant dans des dialectes germaniques différents, Luther a accompli un grand travail d'unification linguistique qui a contribué à la formation de ce que nous appelons aujourd'hui "l'allemand".  ILL : Le pouvoir de l’unité des langues à la tour de Babel et de la Pentecôte.

La version anglaise de Tyndale
William Tyndale, un Anglais contemporain de Luther, a laissé une version anglaise de la Bible dont l'importance historique permet de la rapprocher de celle de Luther. C'était un savant qui lisait l'hébreu, le grec et le latin, et qui pouvait s'exprimer dans quatre langues modernes. Il voulut mettre ses dons au service de Dieu en se proposant de faire "qu'en Angleterre, le garçon qui pousse la charrue connaisse l'Écriture mieux que le pape lui-même". C'est pourquoi, il entreprit la traduction du Nouveau Testament, après avoir rencontré Érasme et découvert le texte grec. Se sentant menacé en Angleterre à cause de son projet, il se réfugie à Hambourg et ne reviendra jamais dans son pays natal. Son Nouveau Testament est imprimé à Worms en 1525, mais l'introduction du livre en Angleterre est combattue par l'évêque de Londres.
Ce dernier fait brûler publiquement devant la cathédrale Saint-Paul un nombre important d'exemplaires de cette traduction. En fait, cette démonstration constitue une publicité pour une deuxième édition que beaucoup, en Angleterre, désirent obtenir. Toujours poursuivi par les ennemis de la Parole de Dieu, Tyndale tombe dans un guet-apens. Il est emprisonné au château de Vilvorde, près de Bruxelles. Là, par une faveur extraordinaire, il obtient les ouvrages nécessaires à la traduction en anglais de l'Ancien Testament (texte hébreu, grammaire et dictionnaire). Condamné par Charles-Quint, Tyndale connaît le supplice du bûcher en 1536. Ses amis recueillent alors les manuscrits de sa traduction pour les faire imprimer. En 1538, le roi d'Angleterre Henri VIII reçoit un exemplaire de la première édition. Il en admire la beauté, et décrète que cette Bible doit être lue par ses sujets. À cette époque, celle de la Réforme en Angleterre, d'autres versions se répandent au détriment de la Bible de Tyndale. Mais en 1607, le roi Jacques Ier d'Angleterre confie à un groupe d'érudits la révision de la version de Tyndale. Le texte qui en résulte, édité en 1611, est appelé "Version autorisée du roi Jacques".
Cette Bible sera pendant trois siècles et demi, c'est-à-dire presque jusqu'à nos jours, le best-seller des librairies anglo-saxonnes. Si on ajoute que la Version Autorisée a servi de base à la traduction des Saintes Écritures dans de très nombreux dialectes et langues, on voit quelle place importante tient l'œuvre de Tyndale dans la diffusion de la Parole de Dieu.

La version française de Pierre-Robert Olivétan
Pierre Valdo s'est engagé dans le combat pour la Parole de Dieu, et la semence qu'il a répandue a porté des fruits quelque trois siècles et demi plus tard. C'est alors seulement que les descendants de ses disciples, les Vaudois du Piémont, ont financé la première impression de cette traduction française des textes originaux. La première traduction de la Bible complète en français paraît être la traduction de l'Université de Paris, effectuée entre 1226 et 1250, c'est-à-dire sous le règne de Saint-Louis. Mais la diffusion de la Parole de Dieu en langue populaire, jusque-là acceptée et parfois encouragée par l'Église, commença à émouvoir ses hautes autorités, lorsqu'elles s'aperçurent que sa lecture mettait en évidence des discordances entre l'enseignement biblique et les pratiques de l'Église. En 1230 déjà, bien avant la Réforme, un synode tenu à Reims a interdit de "traduire en français, comme on l'avait fait jusqu'alors, les livres de la Sainte Écriture". En 1524, le savant Lefèvre d'Étaples publie un Nouveau Testament en français. La Sorbonne condamne le livre au feu et cherche à faire juger le traducteur. Toutefois, le travail de Lefèvre ne s'arrête pas là. Il traduit l'Ancien Testament et sa Bible complète paraît en 1530.
En fait, la version de Lefèvre d'Étaples a été faite à partir de la Vulgate. Mais dans son étude des Saintes Écritures, il a rassemblé autour de lui plusieurs étudiants dont nous connaissons quelques noms, comme Guillaume Farel, Louis Olivier et son cousin Jean Calvin.
Louis Olivier, plus connu sous le nom de Pierre-Robert Olivétan, a poursuivi en un sens l'œuvre de Lefèvre d'Étaples.
En septembre 1532 se tint à Chanforans (Italie du Nord) une assemblée de chrétiens venus essentiellement du Piémont, mais aussi de plusieurs provinces de France, et même d'Allemagne. Au cours de cette réunion extraordinaire fut décidée, sur l'insistance particulière des Vaudois du Piémont, l'impression d'une bible française destinée à tous. Les Vaudois s'engagèrent à fournir les fonds nécessaires. Farel et Saunier se virent confier la responsabilité de la tâche. Ils demandèrent alors l'aide de Pierre-Robert Olivétan qui avait déjà, pour lui-même, traduit en français les Saintes Écritures. Mais, par humilité, Olivétan se fit prier, estimant que d'autres étaient mieux qualifiés que lui pour ce travail. À la suite d'un voyage périlleux à travers les Alpes, Olivétan, ému par la libéralité des chrétiens du Piémont qui avaient réuni et donné cinq cents écus d'or pour l'impression de la Bible, se décida. En dix-huit mois, il révisa ses manuscrits et les prépara pour l'impression. Le 12 février 1535, il écrivit la préface de sa traduction, qui est la première bible en français traduite à partir des originaux hébreu et grec. Elle est sortie de l'imprimerie à Serrières (canton de Neuchâtel, en Suisse) le 4 juin 1535. Olivétan n'a pas voulu que son nom paraisse sur cet ouvrage. Un de ses collaborateurs ajoutera un poème en latin pour en recommander la lecture, poème qui contient en acrostiche "Petrus Robertus Olivetanus", ce qui a permis d'identifier le traducteur. C'est Olivétan qui a proposé, pour la traduction du mot hébreu "Yahweh", le mot français "l'Éternel", nom de Dieu qui se trouve dans beaucoup de versions françaises et qui n'a pas son équivalent dans d'autres langues.
Peu de temps après, Olivétan est mort empoisonné, victime de l'Inquisition. Mais son travail n'a pas été vain. Sa version a été révisée par Calvin en 1560, par Théodore de Bèze en 1588. Ce texte sera celui que liront en France, après plusieurs révisions, les huguenots. Il connaîtra encore des révisions et des modernisations. Ce sera l'œuvre de David Martin, pasteur français réfugié en Hollande, en 1707, puis de Jean Ostervald, pasteur à Neuchâtel, en 1744. Il faudra attendre la deuxième moitié du XIXe siècle pour voir apparaître de nouvelles traductions françaises qui bénéficieront des progrès de la critique textuelle, permis par la découverte de nouveaux manuscrits, telles que les versions Darby ou Segond.
Ainsi pendant plusieurs siècles, les croyants de langue française ont pu lire le Saint Livre dans la version d'Olivétan, ou dans des versions qui s'en étaient largement inspirées.




Quelques versions françaises de la Bible
Nous avons évoqué les versions qui ont eu le plus d'importance historique. En fait, de nombreuses versions françaises ont été faites, et nous ne saurions toutes les citer. Nous donnons ci-dessous un tableau chronologique d'un certain nombre d'entre elles, avec leur filiation.




Adapté par Rev. Toe-Blake Roy.  


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