L'histoire merveilleuse de
La TRANSMISSION de la BIBLE
De sa rédaction à nos jours
La traduction de la Bible
Bible française du 17eme siécle (collection du Musée du
Désert)
Dieu a donc veillé sur sa Parole pour que les hommes de toutes les
générations à venir puissent connaître sa pensée, et le texte original nous est
parvenu sans altération significative.
L'hébreu, langue de l'Ancien Testamen, et le grec, celle du Nouveau Testament,
sont des langues encore lues et étudiées. En raison de son vocabulaire et de la
variété de ses formes verbales, le grec est considéré comme une des langues les
plus riches.
Ainsi, Dieu a voulu que son message soit rédigé dans des langues
compréhensibles, et permettant l'expression précise de concepts abstraits. Cette
dernière remarque est vraie surtout pour le Nouveau Testament. Mais tel qu'il a
été écrit, ce message ne peut pas être compris par tous les hommes. Dans sa
transmission, il y a deux volets, la conservation du texte
original et sa traduction dans les diverses langues populaires.
Les deux choses peuvent d'ailleurs être mélangeantes : Lorsque la
lecture de l'hébreu, dont l'écriture ne comporte que des consonnes, est devenue
sujette à des interprétations différentes pour les Juifs eux-mêmes, les
Massorètes ont précisé les voyelles qu'il fallait intercaler entre les
consonnes par la notation surajoutée dite des "points-voyelles".
Ainsi, le texte de l'Ancien Testament devenait à la fois définitivement fixé et
lisible par un plus grand nombre.
« CRDTNTMLMNDQLDNNSNFLSNQ »
« Car Dieu a tant
aimé le monde qu’Il a donné son fils unique »
Dans l'Antiquité, les Juifs dispersés n'utilisaient plus l'hébreu comme
langue courante, mais le grec ; ainsi, la nécessité de traduire l'Ancien
Testament en grec donna la version dite des Septante. Ce travail fut accompli
sous l'autorité du roi d'Égypte, Ptolémée Philadelphe qui, par curiosité
littéraire, demanda qu'à côté des textes reconnus sacrés par les Juifs soient
traduits des textes d'origine incertaine. Ce fut l'origine des livres
apocryphes dont on reparlera plus loin.
Au début de l'ère chrétienne, le latin étant devenu la langue
universelle, un Père de l'Église, Jérôme, fut chargé de traduire le Saint Livre
en latin. Il avait les qualités intellectuelles et morales pour s'acquitter
fidèlement de cette lourde tâche, achevée en 405. Le texte qui en résulta fut
appelé plus tard la "Vulgate". Par ce mot issu de la même
racine latine que "vulgarisation", on montrait bien qu'il s'agissait
de mettre le texte biblique à la disposition, sinon de tout le peuple, du moins
de tous ceux qui lisaient le latin.
Mais Jérôme avait reçu mission de traduire tous les écrits contenus dans
la version des Septante, et en particulier ceux que ni les Juifs ni lui-même ne
considéraient comme faisant partie de l'Écriture Sainte. C'est même lui qui
donna à ces écrits le nom d'"apocryphes", un mot qui signifie
"cachés" (en fait, cachés aux fidèles dans les synagogues parce que
non reconnus) et Jérôme mit en garde les lecteurs de la Vulgate par une note
explicative qui fut reproduite fidèlement jusqu'au concile de Trente,
c'est-à-dire pendant plus de mille ans ! Ce concile décida que ces écrits
faisaient partie du texte sacré et, jusqu'à aujourd'hui, les versions de la
Bible éditées sous l'autorité de l'Église romaine comportent un certain nombre
de livres supplémentaires par rapport au texte reconnu par les Juifs et les
Protestants en ce qui concerne l'Ancien Testament.
Mais le latin n'est plus qu'une langue morte, comme le grec ancien ou
l'hébreu de la Bible et, pour être accessible à tout lecteur, la Bible a dû
être traduite dans les langues populaires. Ce besoin s'est fait sentir très
tôt, d'autant plus qu'au Moyen Âge, l'évangélisation et la prédication biblique
étaient souvent prises en charge par des prédicateurs itinérants. La plupart
étant des disciples d'un ordre qui dépendaient du soutien de leurs auditoires.
Très souvent, ils mêlaient aux récits bibliques des fables captivantes, ou même
des superstitions populaires. À l'église, la lecture de l'Écriture Sainte se
faisait en latin et ainsi, pour le peuple, le message divin était déformé ou
incompréhensible.
La traduction de la Bible dans les langues modernes constitue
donc un maillon essentiel de la transmission du texte sacré, depuis sa
rédaction jusqu'à nous. Elle a donné lieu dans le passé à des luttes et a eu
ses martyrs. Parmi les différentes versions, il faut distinguer celles qui ont
été faites à partir des textes originaux de celles qui ont été faites à partir
de traductions, comme la Vulgate, ce qui accroît le risque d'inexactitude dans
le rendu de l'original. Par l'expression "textes originaux", il faut
comprendre, non pas les manuscrits des écrivains bibliques qui, s'ils existent
encore, n'ont pas été retrouvés à ce jour, mais le texte hébreu pour l'Ancien
Testament et grec pour le Nouveau, dont on sait qu'ils reproduisent les écrits
initiaux avec une fiabilité absolument remarquable et unique au monde.
Les
précurseurs
Vers la fin du Moyen Âge, de nombreux serviteurs de Dieu ont désiré
faire connaître les Saintes Écritures au plus grand nombre, soit en prêchant
publiquement le message de la Bible, soit en s'attelant à ce travail
considérable qu'est la traduction des Écritures. Il n'est pas possible de
rappeler tous leurs noms et nous ne citerons que quelques-uns de ceux dont le
combat pour la diffusion de l'Écriture Sainte a été exemplaire.
En effet, dans l'histoire de l'Église, la querelle soulevée par la
traduction de la Bible dans les langues populaires a joué un rôle très
particulier. L'Église n'avait-elle pas toutes les raisons d'encourager la
diffusion de la Parole de Dieu ? Pourquoi refuser aux paroissiens la
lecture de la Bible ? Pourtant, l'histoire des premières traductions dans
les langues populaires est celle d'un combat.
Pierre Valdo (1140-1217), un riche commerçant de Lyon,
consacre ses biens et son énergie à la traduction de la Bible en langage courant.
En 1199, quelques-uns de ses disciples sont condamnés au bûcher pour avoir
diffusé des portions de la Bible en langue populaire. D'autres disciples de
Valdo se réfugient dans les Alpes et deviennent ceux que l'on a appelés les
"Vaudois du Piémont".
En Angleterre, on peut citer Bède le Vénérable (673-735) qui
traduit en langue populaire l'évangile selon Jean. Ce n'est qu'au XIVe
siècle qu'apparaîtra la première traduction de la Bible complète en anglais.
C'est l'œuvre de John Wycliffe, assisté de John Purvey
et de Nicolas de Hereford. Né près de Londres vers 1320, John Wycliffe entre à
l'Université d'Oxford, à l'âge de seize ans. Il est rapidement connu comme un
brillant orateur. Après des études dans de nombreuses matières, il termine sa
formation par un diplôme de théologie. Wycliffe reste à Oxford comme professeur
et prend plus tard la charge d'une paroisse de campagne. Dès ses jeunes années,
il avait remarqué l'influence néfaste de la prépondérance des traditions sur le
texte des Écritures. Cette attitude critique à l'égard de la tradition de
l'Église l'amène à s'opposer à ce que cette tradition soit mise sur le même
pied que la Bible, ce qui lui vaut d'être exclu du cercle des érudits de
l'Université. Il se retire donc dans sa paroisse où il trouve le temps de
traduire la Bible en anglais, ce qu'il achève en 1382. C'est ainsi que voit le
jour une bible complète en anglais. Wycliffe meurt deux ans plus tard, mais son
travail ne reste pas sans suite. En effet, un nombre considérable d'exemplaires
de la traduction de Wycliffe sont copiés (l'imprimerie n'était pas encore
inventée), de telle sorte qu'aujourd'hui on en connaît encore plus de
soixante-dix. Les disciples de Wycliffe parcoururent le pays, diffusant et
expliquant la Parole de Dieu, affrontant l'hostilité du clergé qui défendait ce
qui était supposé être son privilège, et plus d'un paya de sa vie son engagement
courageux.
Le souvenir de ce précurseur des traducteurs bibliques est aujourd'hui perpétué
par la mission qui porte son nom (Société des traducteurs Wycliffe), dont
l'objet est la traduction de la Parole de Dieu dans le plus grand nombre
possible de langues et de dialectes.
Des versions de référence
Toutes les traductions dont nous venons de parler ont été faites à partir de la
Vulgate, c'est-à-dire ne sont que des versions de version, avec tous les
risques de modification du sens original que cela comporte. Mais au XVe
siècle, on introduit en Europe des anciens manuscrits grecs du Nouveau
Testament appartenant à des Églises du Proche Orient. Dès lors, on a pu faire
une "critique textuelle". Ce terme désigne une étude savante des
manuscrits, par laquelle on recherche quel est le texte original, expurgé des
modifications introduites par les copistes. On a pu ainsi effectuer des
traductions à partir de ces textes corrigés.
Ce
"retour aux sources" concerne surtout le Nouveau Testament ;
quant à l'Ancien, les Juifs en avaient fidèlement conservé le texte hébreu. L'invention
de l'imprimerie permet alors d'imprimer le texte du Nouveau Testament.
C'est
ainsi que paraît le Nouveau Testament d'Érasme, en 1516, imprimé par
Fröben à Bâle. Cette première édition contient beaucoup d'erreurs, mais sert de
texte de référence à des éditions corrigées.
La plus connue est celle de l'éditeur parisien, Robert Estienne, en
1550, qui comprend, pour la première fois, une division du texte en versets,
division que nous avons encore de nos jours. C'est à partir de ces textes que
désormais seront faites la plupart des versions des Saintes Écritures, et en
particulier celles qui ont une place privilégiée dans l'histoire de la
transmission du texte sacré.
Il s'agit de la Bible de Luther en allemand, de celle de Tyndale en
anglais et de celle d'Olivétan en français.
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